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ASSIFARNOLD
9 octobre 2006

DEPART POUR Le NOUVEAU MONDE

Extraits des ALSACIENS et l’AMÉRIQUE

Du 16ème au début du 20ème

Bulletin de la Société Industrielle de MULHOUSE

De la Haute-Vallée de la Thur aux rives du Coleto Creek, une aventure alsacienne au Texas

(de Claude GEWISS)

Henri CASTRO (né en 1786 en France) d’une riche famille juive d’origine portugaise, et qui émigra aux Etats-Unis après la chute du premier Empire, devenant en 1827 Consul à PROVIDENCE (Etat de Rhode-Island) pour le compte du roi de Naples, devait faire des émules dès 1842 et de nombreux alsaciens-lorrains devaient, comme lui, quitter la terre natale pour le NOUVEAU MONDE attirés par un travail sans doute prometteur…

Dès 1842 les agents de CASTRO sillonnèrent tous les départements de l’EST en quête de futurs colons ! Pourquoi l’EST ?? Probablement parce que la main-d’œuvre y était réputée travailleuse et sérieuse..

En 1843 fut imprimé à MULHOUSE, une page intitulée « Colonisation du Texas » dans laquelle les agents de CASTRO soulignaient ces informations élogieuses reçues d’un confrère sur place par l’abbé PFANNER curé de SOPPE LE BAS (qui deviendrait d’ailleurs curé de CASTROVILLE)…

Pourtant quelques familles de notre Vallée avaient déjà quitté leur terre d’ALSACE pour risquer leur devenir outre-Atlantique et parmi eux : Peter BLUNTZER né à ODEREN le 24.11.1805 fils de Pierre BLUNTZER et Renée MUNSCH et descendant à la cinquième génération d’un certain Jean BLUNTZER originaire du Canton de ZUG en Suisse.

Notre Peter devint Tisserand et épousa (malgré un désir très fort d’entrer dans les Ordres mais qui ne se concrétisa point), Thérèse JACOB née à KRUTH le 27.1.1805. Elle était sans profession.

Peter et Thérèse eurent DIX enfants Léon – Joseph son jumeau – Geneviève – Urbain – Anne Marie – Nicolas – Thérèse – Vénéranda (dont nous reparlerons) – Sixte – et Marie Madeleine.

Quand commença t’il à s’intéresser au TEXAS !! Certainement pas dès 1841 mais vraisemblablement dans le courant de 1843. Et pourquoi décider d’émigrer comme cela tout bonnement ! Sans doute à cause de sa pauvreté et de la dureté de la vie dans la Vallée. Une enquête économique dans ces années là montre bien, à quel point, la vie était dure peu d’agriculture et l’exploitation des forêts n’occupaient que quelques ouvriers dans chaque commune.  L’essentiel des emplois relevait de l’Industrie lorsqu’elle était prospère (les Tissages en particulier) …

Toujours est-il que Peter décide de quitter l’ALSACE…

Pourtant il n’était pas les premiers à quitter la Vallée : avant eux en 1817 étaient partis les HUBERT un arrière cousin vigneron de Peter né en 1793 parti avec 17 autres célibataires d’ODEREN et de KRUTH : 50 personnes au total. Mais les BLUNTZER seraient les premiers à émigrer vers le TEXAS !!

Peter et Thérèse et huit des enfants qui leur restaient (deux étaient morts en bas âge), quittèrent le sol natal,  au début de la deuxième quinzaine de novembre 1843 et probablement avec d’autres, tournant résolument le dos à la vieille église d’ODEREN…juchée sur son éminence et protégeant les deux petites tombes voisines de Joseph et d’Anne Marie les deux enfants morts.

Ils partirent certainement dans une charrette et prirent le tout nouveau chemin de fer inauguré le 1er septembre 1839 puis le train de Bâle à Strasbourg et s’installèrent à l’hôtel de la « VIGNETTE » - Zum Rebstock – à l’angle de la Grand’Rue et de la rue du Fossé des Tanneurs, et enfin, le 22 novembre 1843, les BLUNTZER et leurs compagnons s’embarquèrent sur un bateau à vapeur aux termes d’un contrat intitulé « Colonisation von Texas » qu’ils avaient conclu avec Henrich CASTRO, représenté par Huth und Comp. A Neufreistadt (à quatre lieux de Strasbourg).

Par ce contrat et moyennant 160 Francs par personne, la Compagnie assurait le transport sur le Rhin de STRASBOURG à NEUFREISTADT vers ANVERS ou ROTTERDAM sur le Rhin et de là par bateau jusqu’à GALVESTON  (voir carte flèche)

Les émigrants, étaient dépourvus de passeports « à l’étranger » qui coûtaient 10 francs et étaient délivrés par les autorités départementales mais à l’évidence les agents de CASTRO leur avaient recommandé un « passeport à l’intérieur » facilement et discrètement délivré par les municipalités locales et ne coûtant que 2 francs… Peter et ses compagnons passèrent donc la frontière en fraude.

Ils arrivèrent sans doute à bon port le 25 novembre et grossirent les quais et le flot des émigrants en attente de navire.. On les imagine tendus, anxieux, se demandant s’ils pouvaient embarquer, mais tout se passa le mieux du monde..

Le contingent provenant de la Vallée de SAINT AMARIN comprenait 55 personnes : 22 d ‘ODEREN, 18 de RANSPACH, 5 de MOLLAU, 5 d’HUSSEREN, 4 de FELLERING et 1 d’URBES – soient 8 familles et 10 célibataires.

Quoi qu’il en soit la traversée s’acheva à GALVESTON….

Les Alsaciens y débarquent le 11 avril 1844 en plein printemps. La température varie de 25° à 15° entre jour et nuit sauf quand soufflait le « nother » vent du Nord provoquant de brusques refroidissements et déroutant les voiliers.

La ville abondait d’émigrés 250.000 transitèrent entre 1840 et 1870 dans ce port, des Français en particulier…

De là commença le long parcours de nos colons sur le sol du nouveau Monde….

Il ne se fit pas sans mal !!!

Après avoir parcouru une  cinquantaine de kilomètres, les colons parvinrent à VICTORIA fondée 20 ans plus tôt par l’impresario mexicain Martin de Léon. Allemands, Alsaciens, Lorrains, Polonais, et Mexicains s’y pressent : 1500 âmes sans compter de nombreux Peaux-Rouges et des Noirs qui paraissent en bon terme avec les Blancs.

Imaginons nos Alsaciens juchés sur des chariots appelés « wagon » tels que l’on peut les voir dans les Westerns… C’est dans cette région encore vierge, qu’en traversant un gué, une rivière où sans doute s’active toute une faune bizarre,  que l’accident survint : le chariot sur lequel se trouve Thérèse BLUNTZER se renverse, la blessant grièvement à la cuisse, au point que les BLUNTZER ne peuvent poursuivre leur chemin.

Leurs compagnons s’en furent eux sans encombres, via CUERO GONZALES et SEGUIN vers SAN ANTONIO où selon Nicolas HABY ils bivouaquèrent environ 4 mois jusqu’à la mi-septembre.

Peu après, Adolphe MEYER et sa sœur Mariana s’installèrent sur le COLETO CREEK où ils arrivèrent les premiers, le 28 mai 1846 et s’installèrent près de l’endroit où le chemin de GOLIAD à CUERO traverse le Coleto et où s’arrêtait la Malle pour changer de chevaux et déposer le courrier. Jusqu’en décembre de la même année, une trentaine de familles ou de célibataires d’origine germanique s’implantèrent dans le voisinage.

Pourtant, parmi les derniers arrivés figuraient les BLUNTZER grâce auxquels le site allait devenir un but et une plaque tournante pour bien des émigrés de la Haute Vallée de la THUR….

Cependant la famille n’était pas au complet. Il manquait la cadette Marie-Madeleine sans doute décédée de la fièvre typhoïde, à moins que ce ne fut en 1849 de l’épidémie de choléra qui fit beaucoup de victimes à CASTROVILLE et NEW BRAUNFELS. Léon et Urbain s’étaient, paraît-il, engagés à CORPUS CHRISTI dans l’armée de « l’OLD ZAC » TAYLOR, pour combattre le Mexique qui avait déclaré la guerre aux Etats-Unis en avril 1846. Léon devait mourir le 23 février de cette même année âgé de 20 ans à la bataille de BUENA VISTA au pied de la Sierra-Madre.

D’après toutes les chroniques familiales, les débuts de la colonie du COLETO furent très difficiles, notamment lors des sécheresses de 1848 et 1849. Les denrées les plus élémentaires manquaient – on se les procurait par troc ou quelques pièces espagnoles mais tout était à plus de quarante kilomètres et tout devait être ramené à dos d’homme : le sel, le lard, le porc mexicain  et le maïs qu’on allait moudre au vieux moulin à vent de CLINTON pour faire du pain.

On cueillait des pommes à la saison, ou des prunes, le raisin sauvage « mustang » dont on fit du vin et les noix de pékan et quand le gibier abondant complétait l’ordinaire, les dindes notamment qu’on allait bientôt domestiquer mais que, pour lors, on piégeait ou même tirait à l’arc car les armes étaient rares ou souvent antiques comme des fusils à pierre…

Voilà donc comment vivaient nos premiers colons sur cette terre qu’ils avaient tant désirée…Lorsque se produisit une mésaventure qui, aujourd’hui encore, se raconte au coin du feu dans les vieilles maisons texanes.

Voici donc toute l’histoire...

La maison de Peter BLUNTZER se trouvait près du COLETO CREEK et un jour un chef indien vint le trouver. Le chef avait un problème urgent à résoudre «  Indiens pas avoir maïs » clama t’il à Peter qui, n’écoutant que son bon cœur lui montra ses sacs alignés « prends ce que tu as besoin pour ton peuple »..

Peu de temps plus tard, la blonde petite Thérésa âgée d’environ 4 ans, descendit à la rivière pour jouer. Elle disparut sans laisser de trace…Beaucoup de mois passèrent et elle fut considérée comme morte (peut être noyée…)

Puis, un jour, fortuitement, un « Brave » vint à cheval près de la maison de Peter BLUNTZER et, peu de temps plus tard, la petite Thérésa fut retrouvée errant dans les bois près de la maison. Elle était vêtue à la façon d’une princesse. Les Indiens avaient rendu Thérésa, sauve et heureuse à sa famille.

Le chef indien à qui Peter BLUNTZER avait donné le maïs visitait le chef d’un autre village quand il remarqua la blonde Thérésa jouant gaiement avec les enfants indiens. Il demanda de qui elle était la fille !! « C’est la fille à Peter BLUNTZER » fut la réponde mais le chef qui avait été secouru prononça alors ces mots plein de sagesse « Rends la fille de Peter à lui, quand les Indiens n’avaient pas de maïs, Peter leur donna du maïs.. »

On ignore combien de temps Thérésa vécut avec les Indiens, on sait seulement que son séjour fut assez long pour qu’elle apprenne à parler couramment leur langage…

Tante Thérésa, racontait les descendants de la famille, fut toujours très entourée par les enfants de la famille. Ils ne se lassaient jamais des histoires concernant la vie des Indiens, et la façon dont elle avait été traitée et tout l’amusement qu’elle avait eu en jouant avec ces enfants indiens.

Née en 1837, elle ne pouvait avoir 4 ans lors de sa disparition, qui, d’après le contexte dut se situer vers 1848 ou 1849…

Mais les départs se succédaient pour le Nouveau Monde depuis l’ALSACE. D’août à septembre 1854 puis en août et octobre 1855 et enfin en janvier 1856, les départs concernent une dizaine de famille et une dizaine de célibataires, au total plus de 50 personnes de KRUTH, FELLERING pour l’essentiel.

Au moins, une partie d’entre elles s’établirent à MEYERSVILLE (fondée par Adolphe MEYER ). Cependant, que c’est vers 1852/ 1854 que Peter BLUNTZER serait revenu au pays natal afin d’y chercher des colons pour s’établir sur ses terres.

Les familles qui s’expatrièrent sont celles de BITTERLY Joseph, FUCHS Antoine, et le tout jeune Jean ARNOLD … dont nous allons parler. Et puis de FELLERING, Corneille LUTTENBACHER, et son épouse Anne Marie HALLER  tous deux ouvriers de Fabrique et leur fils Joseph âgé d’un an qui émigrèrent en janvier 1856.

Puis entre 1858 et 1860  plusieurs autres familles d’ODEREN, KRUTH et FELLERING partirent à leur tour : OTT Antoine, FUCHS Nicolas, LARGER Agathe KOENIG Antoine et son épouse GOLLY Rosine avec leurs trois enfants ainsi que ZIMMERMANN Appoline, deux enfants et MUNSCH André, ainsi que SIFFERLEN Joachim et son épouse ARNOLD Jeanne et leurs trois enfants…

Le mouvement allait encore s’amplifier en octobre 1859 jusqu’à septembre 1860 : 21 passeports délivrés pour 69 adultes ou enfants : 48 de KRUTH – 16 de FELLERING et 5 d’ODEREN.

Jean ARNOLD devait trouver l’amour sur le sol américain. Il s’éprit en effet de la jolie Vérénanda BLUNTZER, ils se marièrent et eurent beaucoup de petits ARNOLD américains qui, aujourd’hui encore vivent sur la terre adoptive de leurs ancêtres…

Leur mariage fut célébré le 11 avril  1858 à CLINTON. De ce jour Vénéranda devint familièrement « Fanny ». Jean appelé John aux USA a été inhumé en 1897 à WESER, tandis que Fanny mourait,  elle en 1904 à MEYERSVILLE. Ils avaient eu 7 garçons et 7 filles !!! qui eurent à leur tour 73 descendants entre 1883 et 1918 !

Ils avaient acquit des terres à BERCLAIR et à GOLIAD et élevèrent des chevaux, bovins et moutons. A sa mort, Jean ARNOLD possédait 640 Hectares de terres.

Parmi leurs descendants nos cousins Bernardine (la plus jeune des 70 grands enfants de Jean et Vénéranda)  et Anton d’EL PASO venus nous rejoindre en 1983 à KRUHT 129 ans après ils étaient les premiers cousins à nous rendre visite du TEXAS  avec leur fils Joé,   mais aussi William Nicolas ARNOLD de HOUSTON et ses deux frères : Bernail Lee ARNOLD et James Keneth ARNOLD tous deux de CUEROS … ET LEURS DESCENDANTS que nous connaissons aujourd’hui et dont Sidney Bernet ARNOLD qui était présent à notre rassemblement de 2002… Mais tant d’autres dont nous avons également fait connaissance lors de notre cousinade de 2005... et qui nous ont promis de revenir en 2008..

En 1979, une réunion de famille ARNOLD eut lieu à MEYERSVILLE et rassembla 92 cousins. Une messe commémorative fut célébrée à l’église catholique bâtie sur le terrain dont John ARNOLD fut propriétaire et qui, à l’époque, en fit don à l’église. Sur la place de l’église se trouve d’ailleurs un tableau en bronze relatant tous les faits ci-dessus  et concernant également l’histoire de la petite Thérésa BLUNTZER enlevée par les Indiens…

Voilà donc un peu de l’histoire de nos cousins d’Amérique et gageons qu’ils reviendront souvent sur la terre de leurs aïeux ARNOLD et autres de nos familles alliées pour notre grand bonheur.

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Jean ARNOLD et Vénéranda BLUNTZER

cliquez sur la photo pour entrer dans la base ARNOLD du site des MORMONS

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Cliquez pour entrer dans le site de Robert Weiland

immigration aux USA des Alsaciens

Autre départ de nos ancêtres en 1830/1832 vers l'ALGERIE où de nombreux ARNOLD émigrèrent à partir de cette date charnière  - plusieurs de nos cousins sont issus de cette émigration qui se terminera avec leur rapatriement en 1962 mais ceci est une autre Histoire ..

carte_constantine

En cliquant sur la photo vous entrerez dans le site du CAOM pour retrouver éventuellement un ancêtre ayant vécu en Algérie

M.A.T

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