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ASSIFARNOLD
6 mai 2008

LA CHRONIQUE DE THANN Suite et fin

LE DEUXIEME VOLUME DU MANUSCRIT ENCORE INEDIT

En 1925, Chr. Pfister s'inquiétait dans la Revue d'Alsace, de savoir ce qu'était devenu le premier volume du manuscrit qui avait servi à la publication de la Chronique de Thann. Personne dans le monde savant alsacien ne pouvait répondre à la question : ce n'est qu'en 1938, avec la publication par Herzog de l'Inventaire sommaire des archives municipales de Thann antérieure à 1790, qu'on avait appris la vérité. Il avait été pendant la première guerre mondiale, grâce à la vigilence de la municipalité mis à l'abri dans les sous-sols de l'usine Scheurer Lauth et Cie avec les archives de la ville.

Elles y restèrent et avec elles le fameux parchemin, emballées dans des caisses pendant toute la durée de la guerre, oubliées et abandonnées après l'armistice et même lors de l'inondation de 1920 qui submergera les caves. Personne ne songera à retirer les archives de la ville d'un local complètement envahi par les eaux ! Ce n'est que 2 ans plus tard, en janvier 1922, à la demande de la direction de l'usine que ces archives furent reprises par la municipalité. Mais dans quel état !!! Une grande partie se trouvait racornie ou entièrement déterriorés, quantité de cahiers et de papiers étaient complètement décomposés et les deux respectables volumes in-folio (là se situe une erreur d'appréciation car le manuscrit de Tschamser, publié en 1865 en 2 tomes n'est composé que d'un seul volume et celui-ci en dépit de son triste état a été conservé aux archives) réduits à des masses informes de papier pourri.

En 1886, l'historien de la province franciscaine de Strasbourg, le P. Konrad Eubel, put signaler l'existence de la continuation du manuscrit de Tschamser. Le document se trouvait alors entre les mains de l'Abbé A. Frayhier curé de Guebwiller qui l'aurait découvert dans une maison paysanne du Haut-Rhin. Nous allons donc suivre la destinée du manuscrit à travers une époque dominée par l'anticléricalisme.

En 1875, il se trouva à Delle dans la maison des bénédictins qui avaient été chassés de leur couvent de Mariastein pendant le Kulturkampf soleurien. Le P. Joseph Haaby, de Blotzheim, neveu du curé Frayhier, l'y avait apporté.

Au début du siècle, les religieux furent expulsés de France en vertu des lois Combes. Ils trouvèrent un nouveau refuge au Gallusstift à Bregenz en Autriche. Le manuscrit de Tschamser les avait accompagnés en terre d'exil.

En 1941, l'avènement d'Hitler et l'Anschluss leur valurent une nouvelle expulsion et ce fut ... à Mariastein, point de départ de leur extraordinaire odyssée, qu'ils pouvaient se retirer après avoir réussi à sauver, une fois de plus, les trésors de leur bibliothèque : dont le manuscrit thannois.

THANN_ANCIENNE_FORTIFICATION

Thann se mirant dans la Thur avec la Tour aux Sorcières (cliché ADHR 9 Fi 1159)

Le deuxième volume du manuscrit dans lequel les auteurs ont consigné ce qu'ils ont vu et vécu, présente, un plus grand intérêt et une plus grande garantie de véracité que le premier. Il comporte 491 pages et porte le titre de "Continuatio oder Fortsetzungen deren Annalium fratrum min.conv. Thann" . Il commence là où se termine le premier volume c'est à dire en 1701. Il est de la main de Tschamser jusqu'en 1742. A la date du 17 juin on lit que Malachie Tschamser s'est endormi en Dieu et a trouvé sa sépulture au milieu du choeur de l'église qu'il a rénovée. C'est lui qui a composé en deux volumes depuis 1182 jusqu'en 1742 ces annales que Fr. Firmin Roost, doyen du couvent de Thann, va maintenant continuer. P. Roost restera en poste jusqu'en 1749. Le P. Oswald Montfort - l'auteur de la PETITE CHRONIQUE DE THANN - assurera la relève pendant 30 années. Après son décès, survenu en 1779, la charge de continuer les annales fut assumée par plusieurs autres écrivant tantôt en latin, tantôt en français ou en allemand, jusqu'en 1784 où le texte s'arrête brusquement.

En 1766 parut chez Decker à Colmar un opuscule de 96 pages in-8°, "la Petite Chronique de Thann". Son titre allemand est "Kleine Thanner-Chronik Oder Jahr-Büchlein von dem wunderbalichen Ursprung, Aufkommen und heutigem Zustand einer Löbl. in dem Obern Elsass oder Sundgau, an einem guten ReebGebirg und Pass in das Lothringen, gelegenen Stadt Thann. In drey Theil vorgestellt von einem P. Franciscaner in dem Oberen Closter allda".

Le franciscain anonyme est le P. Oswald Montfort qui a continué la chronique commencée par Tschamser et qui décèdera presque nonagénaire en 1779.

Il présentait ainsi modestement sa petite chronique :

"Le 9 décembre 1766 j'ai reçu de Colmar le premier cent de mon opuscule dont l'impression a été autorisée par le procureur général et qui porte le titre Kleine Thanner Chronique ou Annales. J'ai commencé à en distribuer soit comme cadeau, soit contre paiement. Pas un seul des membres du magistrat en a reçu un en hommage car la plupart et des plus distingués n'ont pas voulu autoriser l'impression bien que j'aie soumis à leur censure et à leur correction tout le texte pendant toute une année. Dès le début et jusqu'aujourd'hui où la chronique est connue en ville, ils n'ont jamais pu objecter quelque chose. Ils ont seulement dit que ce ne sont que des pauvretés (en français dans le texte allemand) et des naïvetés. Aujourd'hui, ils n'ont plus le droit de dire quelque chose. Aucun de ceux qui l'ont eue en mains ne l'a critiquée, tout au contraire !"

Cette petite Chronique est entièrement consacrée à Thann. Le P. Montfort qui connaissait l'Alsatia Illustrata de Schoepflin a extrait des annales, l'essentiel des notices concernant la cité, les complètant, les rectifiant, les mettant à jour tout en entretenant avec ses lecteurs un dialogue plein de bonhomie.

Par les soins de Ch. Gérard et J. Liblin la PETITE CHRONIQUE devenue extrêmement rare, fut rééditée en 1855 chez JP Rissler à Mulhouse. Les Editeurs, à cette époque, ne connaissaient pas le nom de l'auteur pas plus que ne l'avait connu J.B. Merklen qui avait commencé, en 1850, à publier une traduction française dans la Feuille d'annonces et avis divers de Thann. Le texte français, accompagné de notes, s'arrêta, après une quinzaine de suites, avec l'année 1442 (Feuille d'annonces de Thann des 13.4. et 15.9.1850).

N'oublions pas non plus des manuscrits de la Chronique : un registre appelé "Beilage zur Thanner Chronik das Togebuch der Guardianem enthaltend" (Supplément de la Chronique de Thann contenant le journal des gardiens). Il est conservé sous la cote Ms 831 du catalogue des manuscrits à la BN et Universitaire et provient de la Bibliothèque de l'abbé Zimberlin mise en vente en 1886. Englogant les années 1701 à 1755 ce registre a été longtemps considéré comme la continuation de la chronique de Tschamser, mais il n'en est rien. Emanant de plusieurs gardiens le texte est composé pour moitié en latin, pour moitié en allemand.

Ajoutons que le Notaire Ch. Scholly, l'auteur de l'Histoire du chapitre de Thann publia de très intéressants extraits relatifs au passé local dans une série de 25 feuilletons parus dans la Thanner Zeitung entre le 17 novembre 1906 et le 17 mai 1907, voici donc plus d'un siècle.

La BN.U. possède outre le "Beilage" un autre volume de manuscrits d'origine thannoise figurant dans le catalogue sous la cote Ms 3660 avec le titre trompeur de "Chronique du couvent des Franciscains de Thann".

En réalité il s'agit d'un recueil factice de 204 feuillets composés de notes de tout genre et inventaires divers, copies de lettres etc... en plus de fragments de registres protocoles laissés par les Gardiens - on y trouve aussi l'ébauche d'une chronique commençant en 1360 rédigée, dans la première partie, de la main de l'infatigable Tschamser. Le récit s'arrête en 1770 pour reprendre quelque peu en 1789 où est relatée la suppression du couvent et son acquisition par le "Salzherr Mirandin" (Nicolas Marandet ci-devant receveur des sels du roi) et sa transformation en usine par des calvinistes de Neuchâtel qui, ont fait démolir, immédiatement la "belle et grande église". La dernière page donne les noms des pères et frères laïcs formant la communauté au moment de la suppression du couvent.

L'ouvrage fut acquis en 1915 par le Chapitre Saint-Thomas du Regierungs-und Schulrat Dr Bruno Stehle qui de 1882 à 1885 avait enseigné comme Oberlehrer au collège de Thann.

Signalons encore la courte chronique du monastère due au gardien Joachim Lang (1500-1612) écrite en latin et allemand et conservée aux Archives départementales de Colmar.

Un grand merci à Joseph BAUMANN pour ce récit plein d'enseignements.

M.A.T.

Toute reproduction partielle ou totale de ce blog est strictement interdite conformément à l'article L.112-1 du Code de la Propriété intellectuelle sauf autorisation préalable de l'auteur.

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