Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
ASSIFARNOLD
30 avril 2008

LA CHRONIQUE DE THANN

Habent sua fata libelli...

Joseph BAUMANN (ancien Archiviste-Historien de la ville de Thann)  dans l'ANNUAIRE de la Société d'Histoire des régions de Thann-Guebwiller nous présente la Chronique de Thann de Malachie Tschamser tout en regrettant que peu de gens la connaissent vraiment en dehors des cercles de chercheurs ? Il pose la question suivante : qui l'a déjà lue, parcourue ou utilisée ?

Tout d'abord qui était Malachias (ou Malachie) Tschamser ? En fait le plus connu des Chroniqueurs, se trouve être en réalité :  Antoine Tschamser un authentique Thannois né le 12 août 1678 du couple Jean Michel TSCHAMSER et Anne JÄGER (1), aîné des neuf enfants qu'aura le couple, et qui fréquenta l'école des franciscains de sa ville natale avant d'entrer en novembre 1695 au noviciat de Lucerne où il reçut son nom de religion Fr. Malachias sous lequel il devait s'illustrer. (Cf.J.Baumann Malachias Tschamser und seine Grosse Thanner Chronik.Zum 200. Jahrestag des Chronisten, in Mülhauser Tagblatt 18.1.1942).

De retour à Thann il se fit rapidement connaître et apprécier comme prédicateur et confesseur. En 1722, il fut désigné pour prendre la succession du père gardien Ursus Glutz, originaire de Soleure qui, parce que Suisse, donc non sujet du roi, dut se démettre de ses fonctions. A partir de cette époque, Tschamser sera encore huit fois élu gardien, la dernière fois en 1739, trois années avant sa mort.

En 1726, il fut nommé commissaire ou visitateur et définisseur de la province franciscaine  (La "Provincia argentina" comprenait alors les "custodies" Alsace, Bâle, Souabe etc.. Le couvent de Thann faisait partie de la custodie de Bâle).

En cette qualité, il eut à mettre de l'ordre dans les affaires du couvent des frères mineurs à Haguenau (G.Gromer. Die Geschichtsschreibung der Stadt Hagenau. i.Els.bis um 1850. Haguenau 1913) . Par la suite, il y exerçait la charge de gardien d'avril 1727 à octobre 1729. Comme gardien à Thann il eut à coeur de construire à neuf le monastère. Il mourut le 17 janvier 1742 "emportant sous terre" le titre de second fondateur du couvent"  (Inscription du décès dans le journal du gardien Arbogast Antony sous 1742 "Den 17 starbe R.P.B. Malachias Tschamser ein Couvents Kindt, ein Mann beliebt bey gott un den Menschen. Ein mann dem unser gotteshauss höchstens verpflichtet ist. dan dass closter er gantz neuw gebauwen und die Kirche so erneuwert. dass gleichsam den Nahmen eines anderen Stifters er under die erden getragen. R. in pace".

PETITE_CHRONIQUE_DE_THANN

Petite Chronique de Thann (page de titre)

LE PREMIER VOLUME DU MANUSCRIT DE LA CHRONIQUE (1182-1700)

Tschamser était passionné par l'écriture. Avide de tout savoir, de tout noter, d'une curiosité hors du commun pour tout ce qui dépassait l'entendement, il avait l'âme du chroniqueur de jadis. Non content de consigner pour l'avenir les évènements qui tissaient le présent sous ses yeux, il conçut l'idée ambitieuse d'écrire les annales de son ordre, de son couvent, de son pays, des pays voisins, de sa province, de sa ville. Et il se mit à puiser sans vergogne dans toutes les chroniques, tous les ouvrages d'Histoire, dans les protocoles écrits par ses prédécesseurs dans les archives du couvent et de la ville. Comme nous aurions eu envie d'être les amis de cet homme là qui touchait ainsi des doigts et des yeux l'Histoire même tracée sur les vieux grimoires... Le résultat de ce patient furetage à travers les siècles fut un imposant in-folio manuscrit dont il forma un premier volume de 915 pages allant de l'année 1182 jusqu'en 1700. Il lui donna le titre ci-après, les mots Annales et Jahrs-Geschichten joliment dessinés et réhaussés de rouge :

"ANNALES oder Jahrs-Geschichten der Baarfüseren oder Minderen Brüdern S. Franc. ord.insgemein Conventualen genannt, zu Thann. In welchem der Ursprung und Anfang. Auf-und Abnahm, wie auch die Reformationes des heiligen Seraphischen Ordens sancti Francisci, und zugleich die Anfäng und Abtheilung der Clösteren unserer Strasburgischen Provinz; item was sich sowohl in-als ausser dem heiligen Orden hin und wieder in der Welt, absonderlich im Ober und Untern Elsas zugetragen, ordenlich beschriben und verfasset wird. Auss verschieden Manuscriptis, Prothocollis. Archiven sowohl des Convents daselbsten als der Provintz Chronique, und anderen Scribenten und Geschichtschreiberen oder Historicis zusammen getragen, und in vier Bücher oder Tomulos abgetheilet, eingerichtet und beschrieben, durch P.F. MALACHIAM TSCHAMSER Ord. Min. Conventualium p.t. Guardianum Thann. Commiss. Provincialis et Diffinit. M.D.CC.XXIV "

Ce qui veut dire : Annales ou Chroniques des Frères déchaussés ou frères mineurs de l'ordre de St-François de Thann, appelés communément les Conventuels, contenant la relation de l'origine, des progrès, de la décadence et les réformes du St Ordre séraphique de St-François de même que le récit du commencement et des subdivisions des couvents du diocèse de Strasbourg (il faut lire : de la province de Strasbourg) et où se trouve, en outre, consigné, non seulement ce qui s'est passé dans le dit ordre, mais ce qui s'est encore passé par ci, par là, dans le monde, principalement dans la Haute et Basse Alsace, le tout extrait de divers manuscrits, protocoles et archives par P.F. Malachias Tschamser, de l'ordre des Frères mineurs. 1724. Registre de 915 pages copié à la main. Couverture en cuir" (A.M. DIII/3° Thann)

Infatigable, il poursuivit sa tâche dans un second volume qu'il rédigea jusqu'au jour où, en 1742 la mort lui arracha la plume. Le Fr. Pirmin Roost, senior du couvent, la ramassa pour continuer courageusement l'oeuvre de Fr. Malachie.

Vint la Révolution. Le couvent fut supprimé en 1790. Avec ses meubles et immeubles, il devint propriété de la Nation. Les moines furent expulsés.

Que devinrent les manuscrits et les livres de la Bibliothèque (A.D. COLMAR H.A.IO. Catalogue des livres de la Bibliothèque du monastère des Cordeliers de Thann)

Le 12 juillet 1791 le maire J.Th. Bischoff, fit apposer les scellés à la Bibliothèque (A.D. L 803) Un an après, le 17 juillet 1792, Antoine Miesch, nommé commissaire par le Directoire du district de Belfort (dont Thann dépendait depuis 1790) et chargé de dresser l'inventaire dut constater que les scellés avaient été arrachés et les portes forcées par les gardes nationaux qui avaient cantonné à Thann. Il ne restait "qu'une sorte de rebut d'anciens auteurs classiques et de morale" dont Miesch jugea inutile de dresser l'inventaire. "Nous n'avons trouvé aucun manuscrit ni ancien ni moderne, ni d'autres livres précieux" écrivit-il (A.D. H A 10).

Encore une année plus tard, le 20.9.1793, la municipalité fut avisée par l'administration départementale de Colmar que les bibliothèques des cordeliers et des capucins n'étaient "ni soignées, ni surveillées quoiqu'il s'y trouvent des auteurs classiques et des anciennes chroniques dont les éditions sont rares et recherchées". Le district fut invité d'en faire le transport à Belfort (La bibliothèque municipale de COLMAR qui, à la Révolution aurait dû hériter des livres des couvents supprimés ne possède aucun ouvrage des franciscains de Thann. Ce qui est resté des archives se trouve aux A.D. de Colmar cité administrative)

A ce moment les "manuscrits anciens" dont le commissaire Miesch avait constaté la disparition dans la bibliothèque exposée au pillage se trouvaient, évidemment, depuis longtemps en lieu sûr, certainement depuis le jour où les moines savaient qu'on les chasserait de leur maison conventuelle.

En lieu sûr nous dit J. BAUMANN ?? mais chez qui ?? Apparemment personne ne s'inquiétait de le savoir, ni pendant, ni tout de suite après les troubles révolutionnaires. Or, en 1847, provenant de la succession de l'abbé Salzmann originaire de Rixheim, le 1er volume du manuscrit tomba entre les mains de l'abbé Georges Zimberlin, ancien directeur en second et bibliothécaire du Grand Séminaire, savant collectionneur d'alsatiques, alors aumônier de la prison d'Ensisheim.

J.B. MERKLEN secrétaire général de la mairie de Thann, rédacteur-fondateur du premier journal local la "Feuille d'annonces et avis divers de Thann et Cernay" en eut vent ! Par l'entremise du notaire cernéean I. INGOLD, autre "antiquaire" bien connu, il essaya de suggérer à l'abbé Zimberlin de faire imprimer le manuscrit promettant d'ouvrir une souscription pour trouver des acheteurs. L'abbé n'en voulu rien savoir ! Il fit dire à J.B. MERKLEN qu'il ne pouvait se déssaisir du manuscrit, étant occupé en ce moment précis d'un ouvrage en plusieurs volumes sur la ville de Thann et sur l'Alsace (Cf. Fr. Kurtz - Revue d'Alsace 1865 p.187) "Mon premier volume paraîtra encore cette année" écrivait-il en 1847.

L'abbé ne réussit pas à réaliser ce programme ambitieux tout en ne cessant de copier des extraits, classés par matières, de son précieux manuscri. Après avoir été curé d'Orschwihr de 1847 à 1860, il fut nommé dans la petite paroisse de Biederthal en 1860.  C'est à la même époque qu'il changera d'attitude pour entrer dans les vues de J.B. MERKLEN qui avait gagné à sa cause le maire de Thann J.Willig. En juin 1860, fut conclu un accord entre la municipalité et l'abbé qui consentit à céder son manuscrit à la ville de Thann à condition que celle-ci ferait imprimer soit en I volume d'environ 600 pages in-8° dans lequel ne figureraient pas "les excursions de l'auteur dans l'histoire générale", soit en 2 volumes petit in-8° sans suppressions.

Le 14 juin 1860, à l'occasion du vote du budget, le maire exposa les conditions de l'accord sur quoi le conseil municipal pris une délibération qui rendait hommage au prêtre conservateur le nommant même de "savant ecclésiastique" et vota dans son ensemble l'achat du manuscrit.

Ce dernier fut donc restitué après bien des difficultés auxquelles se heurta la mise en oeuvre de la publication. Ce fut, semble t'il un laborieux enfantement... il dura 4 années. Pendant ce temps les deux principaux artisans de l'opération le maire J. Willig (1863) et J.B. Merklen (1864) quittèrent la scène, emportés par la mort. L'abbé Zimberlin, finalement, restait seul à maintenir le contact avec l'imprimeur Hoffmann de Colmar et à corriger les épreuves.

C'est sans doute lui qui avait fourni à l'imprimeur une copie du manuscrit, l'original ne pouvant être confié aux mains du typographe tout professionnel qu'il fut. Il était prévu de placer en tête de chaque tome une illustration. Mais le croquis de "l'église de Thann avant la Révolution" livré par Rothmüller ne récolta que les critiques des autorités thannoises qui conseillèrent à l'artiste, alors sur le point de mourir, de s'inspirer de la litho parue dans l'ouvrage de Golbéry. C'est finalement une lithographie de Simon de Strasbourg qui fournit les deux planches envisagées "L'église de Thann en 1820" et "Thann au XVIIe siècle" !

ST_THIEBAUD_THANN

La belle collégiale de Thann (vue ancienne)

A un moment donné, il était question d'une continuation de la chronique pour laquelle l'abbé Zimberlin avait déjà assemblé des matériaux tirés sans doute du manuscrit "Beilage zur Thanner Chronik 1700-1755" dont il avait fait copie et qui devait former le 3ème tome. Le successeur du maire Willig, A.Henriet, promettait de faire extraire des archives de la ville des documents "dignes d'y figurer".

Fin 1864, après 4 années d'attente fut enfin réussi la sortie prévue des deux tomes prévus à l'origine. Désormais les Annales des franciscains appelées "La Chronique ou la Grande Chronique de Thann" étaient à la portée du public comme des érudits. Pourtant, le public ne s'en montra guère intéressé... Deux ans après sa mise en vente n'étaient pas encore placés 50 exemplaires sur les 500 prévus. En 1866, le maire expliqua au conseil municipal que l'ouvrage en lui-même n'offrait pas un grand intérêt local et que sa rédaction en langue allemande était une cause de l'éloignement des lecteurs. Sur quoi, dans le but d'accélérer la vente, le conseil décida d'en abaisser le prix de 12 à 6 francs !

Pourtant la presse félicitait la municipalité pour cette parution  considérant la valeur historique de l'ouvrage. MAIS,  il y avait unanimité aussi ou presque pour contester l'intérêt historique et littéraire de l'ouvrage.. !! L'Archiviste de Strasbourg L. Spach reconnaissait lui-même que "la Chronique était un véritable "pot-pourri"... un amas de renseignements météorologiques, agronomiques, politiques, historiques, un pandaemonium où les nouvelles de quelques procès de sorcelleries et de l'exécution de quelques pauvres diablesses viennent se croiser avec les nouvelles de la température et des produits de l'année... " L'auteur avoue " Le moine de Thann m'est profondément antipathique parce qu'il n'a pas la fibre humanitaire."

Heureusement, X. Moosmann, Archiviste qui lui succéda aux Archives de Colmar, était un peu plus indulgent pour Tschamser en quoi il rejoignit l'abbé A. Merklen (professeur au collège libre de Colmar) qui avait préfacé les Annales. "La Chronique écrivait-il, a conservé au plus haut point l'empreinte de l'auteur ainsi que celle du temps et du milieu où il vivait".

à suivre......

M.A.T.

Sources : Annuaire de la Société d'Histoire des régions de Thann-Guebwiller XIII - 1979-80 - page 11 à 22 Les curieuses destinées des manuscrits de la Chronique de Thann par Joseph BAUMANN.

(1) - merci pour cette information (parenté) à Martine CASSIGNOL descendante des TSCHAMSER de Thann et dont les ancêtres sont frères d'Antoine TSCHAMSER alias Malachias..

Publicité
Publicité
Commentaires
M
Bonjour Eric,<br /> Nous ne pouvons malheureusement vous donner copie de la Chronique de Thann, celle-ci étant conservée aux Archives de la ville et ce document étant non photocopiable vu son ancienneté et son état - elle a cependant été éditée en 1855 mais nous ignorons si ce document est toujours d'actualité - il faudrait vous renseigner auprès de la Mairie de Thann ou auprès de l'association d'Histoire de la ville. <br /> La suite de ce récit paraîtra prochainement sur notre blog.<br /> Toutes nos cordiales amitiés<br /> ASS.I.F.ARNOLD
Répondre
A
Je voudrai comprendre la vie de mes ancêtres à Thann.<br /> <br /> Je souhaiterai une copie de l apetite chronique de thann 1766<br /> <br /> Je suis albrecht eric, descendant de cette famille, des vignerons bangard.<br /> <br /> de Jean Sigismond Albrecht<br /> .<br /> <br /> Merci <br /> <br /> Eric Albrecht<br /> 41 bis bd des belges<br /> 85000 la Roche sur Yon.
Répondre
Newsletter
Publicité
ASSIFARNOLD
ASSIFARNOLD
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 190 707
Publicité