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ASSIFARNOLD
8 avril 2007

Les lieux dits d'ODEREN village de la parentèle

D'après le Frère Joseph PETER de BITSCHWILLER (1979)

Un blason ancien rappelle le passé d'ODEREN de nom gaulois "ALTODURUM" qui veut dire : refuge fortifié sur une hauteur "Hohenburg". Avec le temps, le terme Altodurum fut progressivement abrégé pour devenir finalement "ODR" - ce blason représente une montagne surmontée d'une fortification  avec au centre une tour, à dextre se trouve trois oiseaux volant et au dessus de la tour "ODR" - la montagne possède à la base des sapins et au centre des touffes d'herbes, aujourd'hui ce blason est le suivant comportant le chien de l'abbaye de MURBACH dont ODEREN était dépendant au XVIIème siècle :

oderen

Datant de 1976

Parti, au premier de gueules à deux clés d'argent posées en sautoir,

au second d'argent au lévrier de sable colleté de gueules, enté en pointe, d'argent

Les noms et les lieux-dits peuvent révéler quelles populations ont habité en ces endroits. Un exemple très intéressant en est fourni par le nom du village d'ODEREN et par les appellations de ses lieux-dits ou écarts.

Le terme d'ALTODURUM inspira Charles ROSTAING, professeur honoraire à la Sorbonne qui sur l'interrogation de l'abbé PETER,  lui avait suggéré cette appellation toponymique "ALT" à savoir HAUT et "DURUM" à savoir Citadelle, refuge fortifié ou Fort, ce monticule haut d'une centaine de mètres domine le village avec aujourd'hui, en lieu et place du Fort,  la belle église qui le surplombe. Le "O" relie les deux termes qui eux-mêmes ont une origine ancienne.

Par l'évolution phonétique gauloise "ALTODURUM" est donc finalement devenue Odèr, accentué sur le è. Mais les derniers occupants de la région, les Alamans, ont seulement dans  leur mode linguistique reculé l'accent sur l'"O" et ainsi a été formé définitivement le terme "ODR" soit : ODEREN aujourd'hui.

Le toponyme ODR ne vient donc aucunement de l'Alaman "ADER" (veine) et il cadre bien avec les noms archaïques des lieux-dits qui entourent le village.

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ODEREN vue des années 50

Plus haut que la rue Dürrembach se trouve deux  groupes de maisons appelés "Klein-Cosch" et "Gross-Cosch". Les professeurs DAUZAT et ROSTAING font dériver ce terme de la racine indo-européenne "Kukk" ou "Cucc". Dans les Alpes, il y a de nombreux "Cosges" et dans le midi de multiples "cuges" tous situés, sans exception, sur des élévations et l'on sait que la rue Dürrembach monte considérablement pour atteindre le "Tschar"... En continuant ce chemin du Cosch on y arrive justement au Tschar (lieu où vécurent mes aïeux pendant une grande période du siècle dernier) Ce nom est aussi d'origine pré-indoeuropéenne et désigne un lieu pierreux. Sa racine vient de "kar" qui est devenu dans le langage de nos ancêtres "Tschar".

De la même racine est formé le toponyme "Altscher".. "Al" en indo-européen veut dire hauteur ! Al-Tschar devenu ALTSCHER est une hauteur rocailleuse au dessus du village.

Nous trouvons ce détail dans le nom des "Kalafelsen" qui forment un grand massif de rochers au nord du "Suterlay". Les Alamans qui ont constitué ce doublet "kalafelsen" ne pouvaient pas savoir que "Kala" et "Felsen" désignent la même chose. Du radical "Kala (Cala) provient le terme Calamis abrégé en "calm" qui est devenu "Schalm" à ODEREN et désigne un terrain pierreux près du "HINTERGOTT". De calamis s'est formé le terme "Chaumes" nom appliqué aux pâturages pierreux des Hautes-Vosges !

Le "TREH" est une de ces chaumes. Son nom a comme base le pré indo-européen "tr" ou "ter" = "tritus" en latin et "tresk" en pré-germanique en viennent les termes "Tresk" qui est devenu "dreschen" et veut dire : battre, abattre, faire un abattage, une coupe. Trêh désigne donc un défrichement. On sait que les crêtes des Vosges étaient autrefois boisées et furent dénudées peu à peu par le rude travail des éleveurs pour en faire des pâturages d'été..

jpgles_chaumes

Les hautes chaumes ici "le Honeck" vers 1950

La rue à l'ouest de la place d'Oderen s'appelle la "GORT". Ce toponyme a comme racine "Gher", "Ghor" devenu "chortos" en grec, "hortus" en latin et "cort" en celtique et qui signifie "enclos" d'un lieu fortifié. Ce refuge défensif se trouvait sur le monticule abrupt portant désormais l'église et le cimetière, le tout entouré par un mur solide et certainement fortifié.

Lorsque l'on traverse le pont à la limite de la rue de la Gort, on arrive à un groupe de maisons appelé "RITSCHA". Ce toponyme est formé du gaulois "ritu" ou rit qui désigne un gué. Le passage a été utilisé avant la construction du pont sur la Thur. L'autre composé de Ritscha est le celtique "caé" qui veut dire maison et est devenu "Tscha". Le RITSCHA est donc le hameau près du gué.

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Le quartier de la rue de la Gort sous le monticule de l'église

Autre lieu dit de provenance vosgienne est le "BRECHEL" qui est un diminutif de "Breuche" comme les Breuchettes et Breuchaules dans la région de Remiremont qui veulent dire : défrichements.

Près du "Bréchel" se trouve le "GRANDSCHE". Assez souvent les Vosgiens prononcent "Champ" comme "ché" le Gransché est donc un grand champ, de même que le Rundsché ou Rondché ou RUNSCHE à KRUTH est un champ rond, (premier lieu où vécut Claude ARNOLD lors de sa venue à KRUTH).

Plus loin se trouve le "Taschlé" nom provenant d'une formation venue du bas-latin "taxo" devenu "taisson" en ancien français et "Daschs" en allemand. Le "TASCHLE" est donc un endroit où il y avait un repaire de blaireaux. Le "BRAY" est une prairie au nord d'ODEREN sur le bord de la THUR. Ce terme dérive du bas-latin "Bracium" qui signifie "terrain humide" et qui formait autrefois le "Brayweiher".

Au dessus du Tschar on aperçoit un petit monticule arrondi et symétrique sur lequel se trouve un arbre c'est le "GUMMKOPF" - GUMM a comme base celtique "cumba" devenue "comm(e)" avec un "e" muet qui signifie une dépression en forme d'auge. Dans ce haut-vallon concave s'élève donc le Gummkopf comme un immense kougelhof !!!

Le "MAREL" ou MAËRLE est un hameau perché d'ODEREN. Il tire son nom du "Märelweiher" situé en bas du groupe de maison qui le compose, sorte de petit étang poissonneux ou petite "mer" ou lac... plus précisémment ici le mérelle  est un étang. Le terme Märelweiher est donc un doublet, une tautologie, ses deux composants signifiant la même chose. Les Alamans ont formé ce terme ne connaissant pas le sens de "Mérelle".

En sortant d'ODEREN pour aller sur KRUTH on voit à droite le "FONTAY" champ et forêt. Ce nom en Vosgien veut dire fontaine mais est formé de "font" et du suffixe collectif "aille". 

Une hache de pierre polie fut retrouvée au TREH et une autre découverte à ODEREN même, proviennent des temps néolithiques, donc d'au moins 3000 ans avant JC. Dans l'étang du Märel on a découvert des restes de pilotis,  preuves d'habitations lacustres préhistoriques (Pfahlbauten, palafittes).

On ne connait pas vraiment le nom des premières peuplades qui ont vécu sur cette région, toutefois, il paraît que de ces habitants préhistoriques, les Basques (Vascones) seraient les premiers qu'on puisse nommer.

Les Historiens qui admettent cette possibilité, interprêtent le "Vogesus Mons" comme la montagne des Basques. Aussi le WASGENWALD, WASGAU, WASIGENSTEIN, rappelleraient la présence des Basques dans les Vosges ! Ils auraient été refoulés par les Ligures, ceux-ci par les Gaulois et les Gaulois romanisés par les Alamans. Dans cette succession de peuplade, les conquérants ont conservé certains noms de lieux et de lieux-dits de leurs vaincus, comme le prouve donc la toponymie d'ODEREN et de ses environs.

Un Castellum semble avoir existé sur le Kastelberg, également sur le Marelberg, d'où ils pouvaient contrôler tout le fond de la vallée. Dans le Marelweiher, des monnaies romaines en or dont les dates vont jusqu'à vers 400 après JC ont été retrouvées.. ODEREN avait donc son trésor, mais plus encore que celui sonnant et trébuchant c'est un village attachant, plein de vie, fleuri, et où il fait bon vivre chaque jour de l'année.

à suivre toponymie de Kruth...

M.A.T. sources : Les noms des lieux et des lieux-dits dans la vallée de Saint-Amarin par Fr. Joseph PETER Prêtre retraité de Bitschwiller les Thann - collection ASS.I.F.ARNOLD -

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Commentaires
M
Effectivement l'abbé BIRGY fut curé actif à ODEREN entre 1927 et 1937 date de son décès puisqu'il décède le 5 juin 1937 et sera inhumé à ODEREN, malheureusement nous ne possèdons rien sur lui uniquement la photo de son enterrement (propriété de ODR'ANIM publication ODEREN AU FIL DU TEMPS) - Un autre prêtre officiait également pendant cette période l'abbé LIDY pour lequel nous avons beaucoup plus de photos...Egalement sur l'abbé LUDWIG qui officia à partir de juillet 1936..<br /> Peut être pourriez-vous vous adresser à la cure d'ODEREN qui doit détenir certainement d'autres informations ou photos sur lui.<br /> Bien cordialement,<br /> Madeleine Arnold Tétard<br /> présidente ASS.I.F.ARNOLD
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P
Bonjour,<br /> recherche des renseignements;des photos sur l'abbé Auguste Birgy qui à été curé à Oderen de 1926 à 1937.<br /> Merci
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R
Très belles carte ancienne de Kruth, et belle histoire du village.
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